Les Républicains espagnols, « no pasaran »

 Dans Non classifié(e)

Darwin, 87 Quai des Queyries

Ils ont subi la guerre, l’exil, puis l’enfermement, le travail forcé parfois la déportation.
Dans l’eco-système Darwin, une plaque et une stèle rappellent le douloureux passé des « espagnols rouges » de Bordeaux.
Dès le début de la guerre civil espagnole (1936-1939) de nombreux républicains fuient l’avancées des troupes nationalistes en franchissant la frontière. Lorsque Barcelone tombe en 1939, c’est la Retirada, l’exode de 500 000 espagnols en France.

Méfiants face à cette arrivée massive de « rouges », le gouvernement français met en place des « camps d’hébergement » dès 1939. Non loin de Pau, le camp du Gurs accueille près de vingt mille espagnols. Les conditions de vies y sont très dures pour ceux qui ont tout perdu.

Lorsque l’occupant allemand investit Bordeaux, tout recommence. Les Espagnols sont incarcérés dans la caserne Niel (Darwin). Ils vont servir de main d’œuvre corvéable pour la construction de la base de sous-marins. Chaque matin ils parcourent les huit kilomètres via le pont de Pierre qui les séparent du chantier. Face aux tentatives d’évasion les Allemands décident de mettre en place un système de navette par le fleuve. Durant 19 mois de 1941 à 1943, ils travaillent jour et nuit, 6 jours sur 7 par vacation de 12 heures. Soixante-huit espagnols meurent sur le chantier. Une légende, toujours tenace, veut que certains furent enterrés vivant dans le béton.

 

Cette autre plaque-mémorial existe à la base sous-marine

 

A l’espace Darwin

 

Si à l’origine il existait déjà une plaque recensant le nom des soixante-huit victimes, la stèle et la plaque d’aujourd’hui doivent tout au travail mémoriel de l’association bordelaise !Ay Carmela!

Les deux plaques portent la mention « No pasaran », « ils ne passeront pas », célèbre cri de guerre des Républicains espagnols. Parmi plus de cinq mille cinq cents travailleurs forcés de la base de sous-marins, en réalité deux mille quatre cents seraient espagnols et près de trois mille Français d’après l’historien Erwan Langéo.

On estime que dix mille espagnols « rouges » ont par la suite combattus dans les rangs de la résistance française entre 1940 à 1945.

 

Niel Avant Darwin
Avant que l’eco système Darwin ne devienne un endroit les plus « hypsters » de la ville, le site fut une caserne militaire. Construite à partir de 1875, elle regroupe différents services disséminés dans tout Bordeaux. Elle accueille principalement le 18ème Escadron du Train des équipages, chargé de la logistique de l’armée. Elle prend le nom du Maréchal de France et Ministre de la guerre, Adolphe Niel, auteur de la loi Niel sur la réorganisation et la modernisation de l’armée.
En 2005, avec le départ des militaires le site tombe à l’abandon. En 2009, fort de l’appui des riverains, le groupe Evolution achète 10 000 m2 et crée Darwin, un lieu alternatif dédié sur trois hectares au développement responsable sous toutes ses formes. 500 000 personnes chaque année s’y côtoient.

X