Abbaye de la Sauve-Majeure, l’art roman prés de Bordeaux
Si vous aimez l’art roman, l’abbaye de la Sauve-Majeure dans l’Entre Deux Mers est une visite incontournable.
👉 Outre l’aspect monumental de l’église abbatiale, on visite la Sauve-Majeure pour deux trésors : Les médaillons de consécrations et les chapiteaux historiés.
👉 Petit rappel historique :
C’est en 1079, soit avant la consécration de la cathédrale Saint André de Bordeaux, que l’abbé bénédictin Gérard de Corbie fonde Notre Dame de La Sauve-Majeure. Son nom vient de Silva Major, la grande forêt, où elle est implantée 🌳
👉 On y suit donc la règle de Saint Benoit qui fut édictée en 530 : travail, prières et lectures de textes. Ce fut aussi le cas à La Réole par exemple, ou plus loin de chez nous au Mont Saint Michel.
Au XIIe et XIIIe siècle c’est l’apogée. De là date le monument que nous voyons. Grâce aux pèlerinages, la Sauve-Majeure devient incontournable. Elle compte jusqu’à 90 moines et régit plus de 70 prieurés qui vont d’Espagne jusqu’en Angleterre. De grandes familles aristocrates y sont inhumées.
Peu à peu, une petite ville se développe autour avec des foires annuelles. Ceux qui s’y installent bénéficient de la protection de l’abbaye, « La Sauveté ». Même les brigands ne peuvent y être arrêtés 😎
👉 Mais la peste, la guerre de cent ans et plus tard la baisse de la religiosité engendrent son déclin.
Au XVIIe siècle, un léger renouveau s’opère puisque la congrégation de Saint Maur s’y installe. Une dizaine de moines y entreprend des travaux de restauration.
A la révolution, l’abbaye sert de prison pour enfermer les contre-révolutionnaires puis elle sert de carrière de pierre.
👉 Au XIXe siècle, elle devient une Institution catholique, un collège jésuite puis la première école normale d’instituteurs de Gironde.
👉 En 1910, un incendie détruit l’abbaye. On envisage de la raser mais le coût est trop élevé. Ce fut la même chose pour la Tour Pey Berland à Bordeaux d’ailleurs.
👉 En 1960 elle est rachetée par l’Etat puis devient patrimoine mondiale de l’humanité en 1998 🥳
Visite guidée à l’intérieur
👉 On entre dans l’église abbatiale par cette arcade datant de 1460,
👉 Ce que l’on voit en premier ce sont les médaillons de consécration datant de 1231. Initialement on en comptait 12, il en reste 6. Ils représentent les apôtres. Chacun porte une épée dans une main et dans l’autre l’instrument de leur supplice. Ici Saint Jude qui écrase le dragon. Son instrument était la massue. Egalement on trouve Saint Mathieu ou Saint Barthélemy.
👉 On se dirige ensuite vers le chœur pour admirer l’autre trésor, les chapiteaux romans. Ceux qui ont fait la visite du Cloitre des Annonciades à Bordeaux en ont déjà vus datant des années 1520 mais ici ils datent du XIIe siècle. Leur finesse et leur état de conservation sont remarquables.
On y voit des représentations qui illustrent l’Ancien Testament. C’est tout une symbolique du bien et du mal. Du droit chemin et de ce qui est péché.
👉 J’adore celui-ci. L’histoire d’Adam et Eve.
A droite Eve tend la pomme défendue à Adam. Le fruit du péché. Il se rend alors compte de sa nudité (notez la petite feuille en cache sexe). Ils sont alors chassés du Paradis.
A gauche, Adam est condamné par Dieu à travailler la terre à la sueur de son front. Eve sera condamnée à enfanter dans la douleur.
👉 On trouve aussi tout un bestiaire imaginaire et des références à l’antiquité.
👉 Ici, ce sont les sirènes de l’Odyssée d’Ulysse. Leurs cheveux sont longs. Elles tiennent dans leurs mains des fleurs et branches. C’est la tentation à éviter.
👉 Les sculpteurs de cette époque respectent ce que l’on appelle « la loi du cadre« , expression qui date de 1930. L’artiste ne pas dépasser le cadre du chapiteau pour réaliser l’ensemble du message qu’il veut faire passer. Il doit donc adapter les motifs et les personnages au support. Ici c’est un chapiteau mais cela peut-être une colonne ou un tympan.
👉Voici le chapiteau des pommes de pins, des pignes devrait-on dire.
On y voit soit des pommes de pins soit des grappes de raisin.
La pomme de pin est symbole de la résurrection du Christ. La vigne qui permet de faire le vin représente, quant à elle, le sang du Christ.
👉 On monte ensuite les 157 marches de la tour clocher du XIIIe siècle où cette fois c’est le style gothique qui domine. Notez les baies géminées du deuxième étage et profitez de la vue.
👉 On se dirige ensuite vers la salle capitulaire, salle de réunion des moines ou on lisait le chapitre (capitulum) de la règle. Les moines assemblés y prenaient des décisions en donnant chacun leur avis. Ils avaient donc « voix au chapitre ».
👉 Au-dessus prenait place le dortoir.
👉 Le cloitre, où plutôt ce qu’il en reste, date du XIIIe siècle. Il faut l’imaginer carré avec une galerie couverte sur deux niveaux. Deux niches servaient de bibliothèque.
👉 Il reste également ce mur du réfectoire où les moines mangeaient en silence en écoutant l’un d’entre eux réciter la règle de Saint benoit.
👉Les traces de l’incendie de 1910 y sont encore visibles.
👉 👉 Le plus étonnant : certains éléments de l’Abbaye se trouvent au Cloisters museum de New York.
Bonne visite !