Suivez-moi dans les entrailles du Pont de Pierre

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Plongez dans le ventre du premier pont bordelais, son histoire et ses petites secrets. Une découverte atypique et passionnante.

 

C’est le premier pont construit à Bordeaux.

Jusqu’en 1822, date de sa mise en service, aucun ingénieur n’avait eu le culot de s’attaquer aux 500 mètres de large de la Garonne. D’autant qu’il faut imaginer qu’à l’époque romaine et au Moyen Age, notre fleuve était encore plus large puisque le miroir d’eau par exemple est construit sur le fleuve.

Jusqu’au XIXe siècle, imaginez un ballet incessant de navettes fluviales faisant la jonction entre rive droite et rive gauche. C’était l’unique moyen de traverser le fleuve.

 

Sur l’un des murs du Pont, le point de repère de la crue de la tempête Xynthia

 

C’est Napoléon qui mettra fin à cette cacophonie.

En 1808 il ordonne la construction d’un franchissement de la Garonne. D’où la légende urbaine des 17 arches du Pont qui représenteraient les 17 lettres du nom de Napoléon Bonaparte. C’est une pure coïncidence mais qu’à Bordeaux on aime bien entretenir.

Plaque commémorative à l’intérieur du Pont

 

L’histoire retient le nom de l’ingénieur Claude Deschamps qui reprend les travaux en 1812. Il doit lutter contre les éléments et notamment le courant extrêmement puissant. Une cloche à plongée est même utilisée pour la première fois pour un ouvrage de ce type. 4000 ouvriers travaillent à sa construction, le même nombre que pour la citadelle de Blaye en 1685.

Pour le financement, Balguerie-Stuttenberg ainsi que d’autres grands négociants apportent deux millions de francs en contrepartie d’un péage de 99 ans. En réalité la Mairie de Bordeaux rachète ce péage en 1861, mais l’octroi, c’est à dire les taxes sur les marchandises reste d’actualité jusqu’en 1928.

En 1941, l’occupant allemand menace de détruire le pont et l’idée revient même à la libération. Finalement Jacques Chaban Delmas dans sa politique du « tout voiture » choisira de l’agrandir en 1954 dans l’attente des futurs ponts. Son tablier passe de 14,6 mètres à 19 mètres. Au passage, les guérites d’octroi sont détruites.

 

Sous cet angle on voit bien l’excroissance du pont construite en 1954

 

 

Et pourtant, il bouge !

A l’époque, l’ingénieur Deschamps savait que le pont aurait des problèmes à se maintenir dans le temps. C’est pour cela que le pont de pierre est fait pour partie…en brique. L’idée est d’alléger la structure. C’est aussi pour cela que le pont est creux et que l’on peut donc rentrer dedans !

 

 

Les travaux d’Hercule

Ce pont qui fut considéré à Bordeaux comme « le monument du Siècle » comporte un vrai risque de cassure.
Des l’origine, sous chacune des 18 piles furent plantés 250 pieux en bois de pin et de sapin. La durée de vie de ces pieux étant limitée, en 1993 furent posés des micro pieux sous les 6 premières piles. Les derniers travaux datent de 2017-2018.

 

La Métropole en charge

En 2018, le pont est définitivement fermé à la circulation. 9 000 cyclistes  et 7000 piétons l’empruntent chaque jours, ainsi que le tramway. Néanmoins, il s’enfonce toujours ! Environ 1 millimètre par an. Dès 2023 de nouveau travaux seront effectués sur les piles fragiles.

 

 

 

Et pour les visites ? 

Depuis 2001 c’est la Métropole qui en la charge. Eh oui, les guides officiels comme moi n’ont pas leur mot à dire pour y faire des visites !
Avant le covid la Métropole organisait régulièrement ses propres visites, ce n’est plus le cas.
Quel dommage que les Bordelais ne puissent pas entièrement profiter de leur ouvrage.

 

Hubert Saint Béat
Les Visites d’Hubert

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