« Lyautey l’Africain » (1)

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101, Quai du Maréchal Lyautey

1912 : la France pose le pied au Maroc en y obtenant un protectorat.

S’embarque alors du port de Bordeaux le général Louis Hubert Gonzalve Lyautey (1854-1934) pour y exercer la charge de Résident général auprès du Sultan. Il va vite y devenir le plus Marocain des Français.

C’est indirectement l’œuvre colonisatrice de la Troisième République que cette plaque met à l’honneur. Raison pour laquelle certaines associations bordelaises (Guide du Bordeaux Colonial) l’ont mise à l’Index.

Pourtant à y regarder de plus près, Lyautey avait une conception très personnelle de la colonisation, à rebours de l’idéologie de l’époque.

« Les Africains ne sont pas inférieurs, ils sont autres », écrit-il dans les années 1920.

L’homme qui arrive au Maroc est fort d’une longue expérience coloniale au Tonkin, à Madagascar, en Algérie. Monarchiste convaincu au service de la république, il privilégie les alliances et tractations avec le Sultan plutôt que les rapports de force.

Lyautey apprend l’arabe et tisse des liens étroits avec les populations locales en respectant les coutumes et traditions.

Visionnaire, il annonce : « Il y a lieu de prévoir qu’en un temps plus ou moins lointain, l’Afrique du Nord évoluée, vivant de sa vie autonome, se détachera de la métropole. Il faut qu’à ce moment-là et ce doit être le but suprême de toute notre politique, cette séparation se fasse sans douleur et que les Africains continuent toujours de se tourner vers la France ».

La guerre du Rif opposant l’armée coloniale aux tribus Berbères aura raison de sa politique.

Désavoué, il démissionne en 1925. Un Libournais, Theodore Steed, lui succède.

Lyautey impose de nouveau sa patte quelques années plus tard en interdisant « les indigènes aux corps nus ou en cage » lors de l’exposition coloniale à Paris. En revanche il ne peut empêcher l’exhibition au jardin d’acclimatation de kanaks de Nouvelle Calédonie dans un Zoo humain.

A sa mort en 1934, cet amoureux du Maroc est enterré à Rabat selon ses voeux. Son corps sera transféré aux Invalides en 1961 sur ordre du Général De Gaulle.

(1) Lyautey l’Africain, Joseph Georges Arsène Goulven, 1935

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